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L’alchimie de mes peurs et défensives relationnelles

Je dédie cet article en hommage à mon bon ami Jean Cloutier. Merci de m’avoir partagé tes sagesses et tes enseignements qui m’ont permis de guérir plusieurs des blessures partagées au travers ce texte.

La peur de l’isolement, de l’abandon, du rejet. La peur de souffrir, la peur de mourir. La peur d’être jugé, la peur d’être aimé…

Depuis six ans, je suis plongé dans un processus de guérison par rapport à des peurs et des attitudes défensives que je traîne depuis l’école primaire. Des peurs et des réactions que je ressentais dans tout mon corps; dans ma peau, dans mes os, dans mes schèmes de pensée, jusque dans les atomes de mes cellules.

Ce parcours m’a amené à mieux comprendre mes dynamiques relationnelles, à les accueillir, et ce faisant, j’ai ouvert la porte à la transformation. Mais je sentais qu’il y avait encore de la place pour approfondir la guérison et aller plus loin dans la transformation. Ce texte est donc un partage sur mon processus alchimique de guérison passé et actuel.

Mise en contexte : récemment, j’ai lu sur les réseaux sociaux une publication concernant l’une des mesures sanitaires mises en place par le gouvernement. J’ai été bousculé. Non pas par l’opinion de la personne, ni par les mesures sanitaires, mais par certains commentaires à l’égard de l’auteur de la publication. Ils m’ont paru haineux et disgracieux. C’en est resté là. J’ai quitté Facebook et continué ma journée.

Au beau milieu de la nuit suivante, je me suis réveillé soudainement. Mon plexus solaire était tout crispé, ma respiration entravée. J’ai senti le besoin de me lever pour bouger et dénouer ce qui stagnait intérieurement. Et en me levant, j’ai ressenti l’appel de l’écriture; ce qui allait démarrer le moteur pour continuer mon cheminement intérieur. Dès les premières touches tapées à l’ordinateur, l’énergie m’envahit d’une façon fulgurante. Mon intuition était juste et j’ai rapidement eu accès à ce qui crispait mon corps. C’était en lien avec ce que j’avais vécu et repoussé la veille, en lisant les commentaires sur Facebook. Ceux-ci m’avaient choqué et fait basculer dans le jugement. Je jugeais la violence des propos et je jugeais ceux qui les avaient écrits.

Il m’est difficile de voir un humain en injurier un autre. Ça me rend triste. Dans mon monde intérieur utopique, je voudrais que tout le monde s’aime. J’aimerais que chacun ait la capacité, et prenne la responsabilité, de se mettre dans les chaussures de l’autre pour ressentir ce que c’est que de se faire traiter de con, d’ignorant, de salaud… En mettant des mots sur mon vécu, j’ai pu voir comment, dans le contexte de cette situation, j’avais de la difficulté à me laisser toucher par ma propre tristesse. Et je voyais comment ma difficulté à accueillir cette émotion du moment m’empêchait de me mettre dans les chaussures des différentes personnes impliquées dans cet échange de commentaires, qui n’était ni plus ni moins que de l’intimidation en ligne.

J’ai alors senti qu’une situation du passé voulait remonter à la surface. Que cette situation du passé était étroitement liée à ce contexte. Elle était encore chargée émotionnellement, mais cette fois, je me sentais mûr et prêt à la revisiter dans l’accueil et la bienveillance.

À l’école secondaire, j’ai moi-même intimidé à quelques reprises d’autres élèves. À l’époque, j’utilisais inconsciemment les stratégies de défense que sont l’attaque et le jugement pour me sentir supérieur, me placer au-dessus de l’autre. C’était ma façon de me prouver à moi-même que j’avais une valeur. Ça en dit long sur le manque de confiance en moi que je vivais à l’époque. En reprenant contact avec l’intimidation, j’ai été propulsé vers l’événement source ayant mené à ces défensives…

Vers la fin de mon passage à l’école primaire, j’ai perdu, du jour au lendemain, tous mes amis. Après six années de grande amitié, ils me rejetaient sans préavis, sans émotion. Ce fut froid, drastique, sans appel; un choc immense. Un véritable traumatisme qui m’a fait perdre toute confiance en moi et en ma valeur.

Le jeune garçon de onze ans que j’étais a cru que ce rejet, il le méritait. J’avais honte, j’étais blessé, je me sentais humilié. Tellement, que je n’en ai jamais parlé à personne avant l’âge de trente ans. Pas même à la maison : on n’y partageait pas vraiment d’émotions. De peur que cet incident ne soit banalisé par mes proches et que je ne sois pas accueilli dans l’intensité des émotions que je vivais, je me suis tu.

À la suite de cet événement, la partie hypersensible de ma personnalité s’est éteinte vraiment. J’ai caché profondément en moi toutes les émotions difficiles vécues par le passé. Mon instinct de survie a mis en place différents stratagèmes pour m’éviter toute forme de rejet social. Je me suis réfugié tour à tour dans les rôles de victime ou de bourreau. J’étais rempli de jugements.

la peur emprisonne et fige

Je me plaçais soit au-dessus, soit au-dessous de l’autre. J’ai rejeté des copines, j’ai lâché des amis proches, car quand venait le temps de surmonter une difficulté relationnelle ou de laisser paraître une vulnérabilité, je fuyais ou je rejetais l’autre. Dans mon monde, il n’y avait que des supérieurs ou des inférieurs, que des rejetés ou des rejetants. Les barricades relationnelles érigées en moi étaient à la hauteur des émotions, des peurs, de la tristesse et de la honte qui occupaient le fin fond de ma grotte intérieure.

Il y a quelques années, j’ai trouvé les ressources pour m’aider à accueillir ces émotions. Différentes personnes clés m’ont accompagné. Parmi celles-ci, Jean, un psychologue hors pair, et Isabelle, une ostéopathe hors du commun. Grâce à eux et à plusieurs autres, j’ai pu m’ouvrir à moi-même et offrir un amour inconditionnel au Louis-Philippe du passé, créant ainsi l’espace intérieur sécuritaire dont j’avais besoin pour intégrer cette guérison.

Dans les mois précédant l’écriture de ce texte, une nouvelle étape importante de ce processus s’est mise en action : accepter de ressentir en moi l’impact que mes mécanismes de défense avaient eu sur les autres par le passé. Cela m’est désormais possible parce que j’ai compris et accepté que, depuis l’âge de onze ans et l’événement partagé plus tôt, j’avais toujours réagi aux différentes situations de la seule façon dont je pouvais le faire, n’ayant ni l’accompagnement ni les ressources ni la maturité nécessaire pour les vivre autrement. En acceptant cette réalité, je peux aujourd’hui considérer sans jugement mes comportements et les conséquences qui les accompagnaient. Et je peux le faire aussi, et surtout, parce que j’ai énormément d’amour et de compassion pour le petit garçon qui a vécu le rejet et l’abandon.

Grâce à cet espace d’amour et de pardon en moi, il n’y a plus de place pour la culpabilité par rapport aux paroles ou aux gestes générés par mes réactions défensives du passé. Mais attention, cela ne veut pas dire que si j’avais une machine à voyager dans le temps, j’agirais de la même façon. Bien au contraire! Cela veut simplement dire que j’accepte ce qui s’est passé. Totalement. Inconditionnellement. Parce que j’ai la compréhension expérientielle et émotionnelle de ce qui m’a mené à ces mécanismes de défense. Le fait de ne pas me sentir coupable de quoi que ce soit me permet d’entendre, sans être sur la défensive, ce que mes actions ont généré chez l’autre.

grandir et guérir

Les peurs n’ont pas totalement disparu de ma conscience, mais elles n’ont plus l’emprise qu’elles avaient auparavant; elles n’influencent plus mes faits et gestes, ne provoquent plus de comportements automatiques de survie. Il y a, comment dire… un espace qui s’est créé. Un espace qui me permet, dans un très court laps de temps, de prendre soin du petit Louis-Philippe, et ainsi, de ne pas basculer en mode défensif en me taisant, en fuyant. Je peux désormais rester en relation avec l’autre, et ce, peu importe ses paroles, ses gestes ou ses réactions.

Avec ce nouveau regard, j’observe que les intimidateurs de Facebook ne sont pas différents de moi au secondaire. Ils ressentent le besoin de se montrer supérieurs pour se donner le droit d’exister. Derrière leurs attaques se cache un profond manque de confiance en soi, car attaquer l’autre, c’est se défendre soi-même. C’est tenter de contrôler les perspectives en voulant imposer la sienne, parce que la différence est trop menaçante. C’est se sentir attaqué personnellement quand l’autre souhaite simplement exister, se sentir libre d’exprimer ses opinions, ses croyances, ses valeurs.

Les réseaux sociaux sont des laboratoires fascinants pour observer comment les gens agissent ou réagissent face à la différence des autres. Dans mon cas, entendre une opinion différente activait ma peur du rejet, du ridicule. Je cherchais alors à m’imposer, à me défendre, ou alors je me taisais. Dans tous les cas, je n’écoutais pas vraiment l’autre. Je me fermais à toute possibilité de me recréer, d’évoluer, de grandir, de me construire.

Avec le recul, je réalise que toutes ces peurs et ces armures empêchaient ma guérison, la vraie. Celle qui te fait pousser une colonne et qui te responsabilise à 100 % par rapport à tes choix passés, présents et futurs. Cette guérison avec un grand G qui redonne le pouvoir et la possibilité d’évoluer, de cheminer, d’incarner le changement que l’on veut vivre dans le monde. Avoir guéri une grande partie de ces peurs m’ouvre maintenant toutes sortes de potentialités jusqu’alors jamais envisagées. Pour devenir celui que j’ai toujours voulu devenir. Pour aimer l’autre pour ce qu’il est, et non pour ce que j’aimerais qu’il soit.

Aujourd’hui, c’est la saison de la moisson! Je récolte les fruits de ce parcours. Ces fruits ont la couleur d’un équilibre intérieur qui me réconcilie avec l’humain. Je m’ouvre à la différence et aux perspectives des autres, parce qu’à travers les différentes façons de voir la vie, il y a de nouvelles opportunités d’apprendre. C’est tout un Nouveau Monde qui s’ouvre à moi et cela me procure une joie immense!

s'affranchir de ses peurs

Et, sans entrer dans les détails, j’ajouterai que cette guérison intérieure a aussi entraîné plusieurs guérisons physiques : des tensions et des douleurs qui m’affectaient depuis plusieurs années ont disparu au fil des prises de conscience et des transformations… Mais la plus grande guérison reste celle que j’ai vécue par rapport à l’autre.

Alors, à toi qui me lis, je dis : je t’aime. Pas dans le sens émotionnel de l’amour porté à l’extérieur de soi, celui qu’on entend dans la majorité des chansons populaires ou qu’on voit dans les films d’Hollywood. Je t’aime parce que je te vois, dans ta différence, dans ton humanité, cher frère, chère sœur. Je t’aime parce que l’âme aime inconditionnellement. Je t’aime de source. J’aime la vie serait alors potentiellement une expression plus juste à employer.

L’alchimie de mes peurs et défensives relationnelles
22 septembre 2022 / lecture de 13 minutes