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Texte
Publié
9 janvier 2024
Temps de lecture
5 minutes

Le silence intérieur

En développement personnel ou en thérapie on te demande parfois d’imaginer que tu te trouves dans ton « lieu idéal », celui où tu te sens le plus en sécurité et en paix.

Pour moi, ça a longtemps été une bibliothèque en haut d’une tour, avec un bon fauteuil, une lumière douce et un million de livres.

Mais les dernières fois que j’ai fait l’exercice, mon espace de sécurité, celui où je me sens libérée du poids du monde, était un espace « blanc » où il n’y a rien. Rien ni personne. Rien pour solliciter mon attention. Rien qui déclenche des réactions. Un espace vide et neutre.

Un peu comme ce décor du film Matrix (le premier), dans lequel Morpheus explique à Neo le fonctionnement du monde virtuel…

Ce drôle de lieu a réapparu récemment.

Un nouvel éclairage

Dans le cadre d’un atelier sur la respiration et la voix, nous devions chacun à notre tour lire quelques phrases d’un livre. Ceux qui étaient passés avant moi avaient reçu des indications précieuses par rapport à leur posture, ce qui avait amélioré de façon très audible et visible leur souffle, leur voix et leur présence.

J’ai lu mes quelques phrases. J’avais la sensation de lire de façon plutôt fluide, mais quand l’animateur m’a fait signe d’arrêter, je me suis rendu compte que je n’avais rien retenu de ma lecture.

Je me suis demandé « ce qui n’allait pas » et quel conseil j’allais recevoir…

Et l’animateur a dit : « Fais silence. »

Tout s’est arrêté en moi. « Je » a fait silence. Aucune question, aucun doute.

« Je » a laissé le corps en paix, et le corps s’est mis à respirer comme il l’entendait.
« Je » — ou plutôt la présence qui s’installait — a observé du coin de l’attention comment la respiration s’est apaisée, a pris un rythme confortable, et continué tranquillement son bonhomme de chemin — inspire, expire…

La présence a rempli l’espace intérieur, rempli le silence.
J’ai de nouveau lu un paragraphe.

Quelque chose avait changé, je me sentais plus vibrante.

Je ne me souvenais toujours pas des mots que je venais de lire — ce qui m’a fait un peu douter de ce qui s’était passé — mais j’avais aussi le sentiment de m’être nourrie de quelque chose.

Alors j’ai accueilli le doute, et j’ai aussi accueilli la joie et le sentiment d’accomplissement qui étaient tapis dans un recoin. Puis je suis retournée m’asseoir pour la suite de l’atelier.

J’ai continué de « faire silence » le plus souvent possible durant les exercices de groupe qui ont suivi.

Puis nous sommes de nouveaux passés un par un. Cette fois, il s’agissait de chanter la voyelle A, sur une note jouée au clavier par l’animateur. Facile, me suis-je dit! Je fais ça tous les jours, chanter des voyelles!

Mais voilà, tout est une question de contexte.

J’ai fait comme d’habitude — je me suis déposée dans mon bassin, j’ai pensé à mes pieds, j’ai ordonné à mes épaules de se détendre, j’ai attendu la note… et j’ai sorti un pauvre petit A tout étranglé, qui ne correspondait pas du tout à la note jouée.

L’animateur a de nouveau dit :

« Fais silence. »

Toutes mes habitudes, ma volonté, mes connaissances, tout ce bruit mental a disparu.

Et de ce silence intérieur a jailli un A vibrant et juste.

Le silence de tous les possibles

Je repense à mon espace de sécurité, et je revois l’espace « blanc » de Matrix. Un espace vide, mais rempli de tout le potentiel du monde.

Un espace qui peut offrir 2 fauteuils pour se parler, une télévision pour voir les images du monde tel qu’il est, ou encore tout un arsenal lorsqu’il s’agit d’aller conquérir la liberté.

Je comprends mieux sa présence en moi, en ce moment-ci de ma vie.

Dans cet espace, tout est à portée de pensée. À portée d’intention.

Il suffit de faire silence.


Texte /
9 janvier 2024 / lecture de 5 minutes