Voilà, la méditation est en train de devenir populaire ! On l’enseigne à l’école, du primaire à l’université, on en parle à la télévision, dans les journaux, les magazines et le web en est inondé.
C’est sûrement la vague de stress et d’anxiété qui déferle dans notre société qui met en lumière la valeur du bien être intérieur. La fameuse recherche de sérénité que propose la méditation devient plus que jamais nécessaire !
Bien que cette noble quête de paix intérieure soit plus que jamais actuelle, les techniques méditatives enseignées sont quant à elles très anciennes. Et bien qu’universelles, elles proviennent d’une autre époque, complètement différente de la nôtre.
Est-ce que ces techniques sont adaptées à notre ère moderne ? Efficaces pour l’individu qui vit au début d’un grand chamboulement civilisationnel ?
Voilà ce qui m’intéresse.
Méditation Classique
Les types de méditations qui se popularisent en ce moment sont principalement d’inspiration bouddhiste et védique. Nous retrouvons entre autres les approches de la pleine conscience, de vipassana, du zen et de quelques techniques issues du yoga : discipline, morale, pranayama, mantra, concentration et autres.
Des démarches essentiellement introspectives, qui invitent à la recherche de la paix intérieure comme point de départ pour mieux-être en soi et dans le monde. C’est ce que j’appelle la méditation classique.
Dans ces approches classiques, le témoin, la respiration, le moment présent et le détachement sont les clés pour apaiser le mental et glisser de plus en plus profondément dans le calme intérieur.
On y enseigne l’observation, la non-réactivité et la bienveillance face à tout ce qui émerge, tant à l’intérieur et qu’à l’extérieur. Ceci permet au méditant de relâcher son stress et ses tensions émotionnelles du moment, et de faire face sereinement à celles qui feront inévitablement surface.
Dans ce recueillement introspectif, on laisse passivement circuler la force de vie, dans un état de vigilance et d’ouverture aux sensations et phénomènes qui émergent et disparaissent.
Dans cette approche, l’égo, le mental, les passions et la personnalité sont souvent considérés comme des enjeux, ou comme le problème-source du malaise existentiel et de la cacophonie de surface.
On veut alors transcender, voir annihiler ces blocages pour se déposer dans la paix intérieure si ressourçante. Et potentiellement, gouter à l’absorption ultime dans l’unité « au-delà de l’égo ».
Et ça marche !
Scientifiquement, nous voyons les bienfaits dans les graphiques d’ondes cérébrales de l’encéphalogramme. Plusieurs recherches scientifiques valident, expliquent et commentent cette chimie et mécanique méditative.
En effet, avec la pratique assidue, la plupart des méditants se sentent tous plus calmes, clairs et bienveillants.
Mais est-ce que la méditation classique est adaptée à l’intensité des bouleversements de notre société actuelle ? Serons-nous des observateurs passifs et bienveillants, ou des acteurs créatifs et engagés ?
Est-ce que la méditation classique serait un refuge intérieur qui pourrait limiter notre participation active dans le monde ?
Ma question revient. Sans cesse. Comme une invitation à voir au-delà.
Destination
Et si la reconnexion intérieure n’était que le début d’une aventure de conscience beaucoup plus vaste ?
Calmer la réactivité du mental, reprendre son souffle et « zoomer out ».
Puis, en se décollant un peu de sa personnalité égocentrée, on se retrouve à prendre de la perspective sur le monde et sur les grands mouvements et enjeux de la Vie.
On se retrouve à élargir sa conscience au-delà des obligations quotidiennes et à se poser des questions sur sa vie, ses valeurs et ses besoins, et ce, en relation avec un tout beaucoup plus vaste que d’habitude.
Voilà que la méditation commence à être intéressante… et peut-être même dangereuse !
La méditation classique, celle avec l’image inoffensive de l’individu assis en tailleur concentré à « faire le vide », n’est clairement que le préambule d’une profonde révolution de conscience, qui peut bousculer l’ordre établi.
Espace
En fait, ces préliminaires méditatifs ouvrent un « espace sacré » : le centre du cœur !
Un espace qui s’ouvre sur une profondeur vertigineuse mais étrangement familière. Un puit d’où les grandes réflexions de la vie émergent en remous frénétiques.
D’où je viens ? Quel est le sens de la vie ? C’est quoi la mort ? … et l’Univers, l’Amour, la Vie ? … et, Qui suis-je ?
Ces questions seraient facilement résolues par une doctrine religieuse ou une philosophie. Mais voilà que la méditation classique ouvre la voie à des réponses bien différentes : l’intuition.
L’intuition, le silence et la vibration que l’on découvre dans l’espace sacré deviennent tellement plus intéressants que toutes les réponses mentales ! Nous avons tout à coup accès à un ressenti viscéral et à une sensibilité énergétique qui fait office de sagesse directe, libre et spontané.
Mais attention ! Cette sensibilité, qui se développe lors de la méditation, est tout autant un précieux petit trésor, qu’une véritable boite de pandore.
Sensibilité
Ressentir, c’est avoir un contact intime avec la force de vie, avec la vibration.
Ressentir, c’est interpréter la qualité des phénomènes et non plus uniquement leur forme. C’est savoir, directement, avec les sensations de son propre corps.
Ressentir, c’est évaluer, sans références extérieures, la pertinence de l’information qui vient à nous, si ceci ou cela est bon pour nous.
Tout à coup, « on sent » ce qui fait du sens, ce qui est vrai, ce qui induit la vie ou ce qui la dégrade.
Le savoir direct s’impose telle une voix intérieure. On pense moins, on sent plus ; on devient plus créatif et intelligent. La sagesse n’est plus mentale ou livresque, mais bien énergétique et vivante.
En suivant cette voie, on devient de plus en plus sensible aux différentes strates d’énergie, aux dimensions, et on apprend à naviguer dans leurs courants, textures, informations et fluctuations. Une nouvelle expérience du monde s’installe.
Mais ressentir ainsi le monde n’est pas facile. Vraiment pas facile. Beaucoup moins facile que l’on voudrait croire.
Profondeur
Alors, que faire quand l’intuition, cette voix du cœur, commence à répondre aux questions existentielles… mais que nous n’aimons pas les réponses ? Quand elle nous invite à sortir de notre zone de confort pour découvrir des territoires inconnus ?
Évidemment, plusieurs hésiteront à remettre en cause les grands dogmes de la société et de l’ordre établi. Et bien que les conditionnements sociaux ainsi que la structure même de la misère humaine commencent à être mis en évidence, il est extrêmement difficile de s’en libérer.
Ne sont-ils pas aussi garants de notre place et de notre survie dans le monde ?
D’ailleurs, quand la sensibilité s’ouvre, elle est vite exacerbée par la disharmonie vibratoire du monde et l’inconscience humaine. La technologie, le divertissement, les médias, l’alimentation industrielle, la politique, et autres domaines n’ont pas été crées en conscience et avec sensibilité. Ils sont dissonants, durs, abrutissants et désagréables à ressentir en soi pour les individus ouverts.
N’est-il pas naturel de vouloir s’en préserver en tentant tout simplement d’arrêter le processus et étouffer cette « malaisante » ouverture psychique ?
C’est pourquoi, malgré la popularité et le « hype » qui entoure la méditation classique, peu la pratiquent réellement au-delà d’un certain point.
Ressentir le monde donne parfois l’impression qu’il n’a pas de sens ! Le sens est caché, bien plus profond…
Alors, beaucoup gardent leurs cœurs scellés ou abdiquent rapidement, de peur d’être éclaboussés par la lumière ou d’être projetés dans l’inconfort de l’aventure de conscience.
Évidemment, faute de prédisposition naturelle, d’outils, de support ou d’enseignements plus actuels, les méditants ne traverseront pas la couche superficielle du « mon petit bien-être à moi ».
La méditation devient alors un baume que l’on met sur la découverte d’une fracture sanglante, qu’on essaie d’oublier. Mais malheureusement, la conscience s’est ouverte, on a vu la fracture, on la sent. On ne peut plus la fuir.
La boîte de pandore est ouverte, mais le cœur aussi.
Secret Caché
J’aime dire que la méditation classique est un chemin qui nous amène au sommet de la montagne, sur le bord du précipice. Mais que nous avons besoin d’un autre type d’approche méditative pour ouvrir nos ailes et sauter dans le vide. Ce que j’appelle la méditation créatrice.
Lorsque l’on accepte de laisser jaillir la force vitale du cœur et du corps, on accepte de se transformer. La puissance énergétique s’éveille, la créativité explose et la liberté d’être s’impose comme un besoin fondamental.
Alors la méditation classique et son fameux détachement n’ont plus de sens.
À cette étape, on a maintenant besoin d’engagement, de présence constante pour maitriser la vague d’énergie. On doit apprendre à donner une ferme direction à cette force en prenant la posture de l’artiste créateur de sa vie, mais sans perdre la sensibilité de la guidance intérieure. Alors comment ?
En fait, les « méditations créatrices » existent depuis longtemps. Elles sont justement la source du pouvoir caché derrière toutes les traditions spirituelles.
Certainement, les religions, doctrines et philosophies spirituelles offrent ouvertement un enseignement exotérique, formel, moral et civilisateur. Un peu de prière et de techniques méditatives pour le bien-être du peuple.
Mais toutes ces traditions possèdent aussi une méthodologie ésotérique pour « initiés seulement ». De puissantes techniques d’éveil et des outils de maitrise énergétique de haut niveau.
Donc, il existe, caché derrière les voiles de la méditation classique, une science de transformation énergétique radicale : alchimie, tantra, occultisme, magie, shamanisme, métaphysique… pour ne nommer qu’eux.
Il s’agit d’un vaste champ d’étude théologique et anthropologique… un trésor si peu exploré !
Un merveilleux patrimoine de sagesse planétaire ; un héritage spirituel que les anciens gardaient bien secret. Pourquoi secret ? Parce que cette science est puissante, libératrice et bouscule les carcans sociaux !
Ces techniques donnent rapidement à l’individu une souveraineté absolue et un immense pouvoir créateur car elles le reconnectent directement aux forces vives du cosmos.
Alors pas surprenant que cette science et ses adeptes furent réprimés, ostracisés et pourchassés par les systèmes de gouvernance en place, religieux, politiques ou médiatiques. Mais les sages savent être discrets !
Méditation créatrice
Jadis, la science secrète était dissimulée dans un jargon mystique et cachée dans les rites et le folklore. Les maitres possédaient les « clés magiques » et initiaient les novices à la science intérieure.
Mais ce temps est révolu. La science secrète est vivante, et elle est en train de se dévoiler… tout simplement parce qu’on en a grand besoin !
Essentiellement, ce type de méditation permet de ressentir l’énergie subtile – prana, chi, mana, éther – , d’en comprendre la mécanique et de lui donner une direction.
Alors, on peut faire ce qu’on veut de cette force : cultiver sa santé, guérir ses blessures, propulser son expansion de conscience, enseigner, créer des relations supers riches et incarner des projets concrets. Tout devient possible : les problèmes deviennent des invitations de croissance et les solutions s’imposent rapidement.
Il semble que la plupart des gens sont très réceptifs à ce type de méditation. C’est un jeu créatif, une découverte fascinante facile à ressentir.
Mais ce qui est encore plus satisfaisant, c’est que lorsqu’on engage l’énergie et la conscience dans ce qu’on fait, on vivifie les projets et on leur infuse une qualité en harmonie avec la Vie… et ça, ça donne du sens !
Soulignons que cette force est la force de la Nature et qu’elle pousse l’individu à grandir en conscience. Elle forcera le cœur à s’ouvrir, et l’individu à progresser en passant par une série de nouvelles versions de lui-même, de plus en plus vivantes, libres et connectées à la source.
À ce stade, on ne veut plus chasser l’égo, on l’inclut dans le processus ! On aligne la personnalité, l’émotion et le mental au service du cœur et de l’expression créative, ce qui nourrit l’unicité de chacun tout en bénéficiant à l’ensemble.
Et alors, la paix s’installe. Autant à l’intérieur qu’à l’extérieur.
D’autres voies
Bref, la méditation classique est un chemin d’approche qui permet de doucement développer ressenti, bonté et force vitale.
Mais il est important de préciser que ce chemin méditatif n’est pas la seule voie d’éveil. De plus en plus de gens accèdent à la conscience énergétique sans méditer !
Certains ont une liberté de conscience innée, viscérale et naturelle. D’autres touchent à la conscience à travers une expérience psychédélique, un choc de vie, la maladie, la perte, ou par des événements qui les obligent à voir le monde différemment (pandémie ?). Chez beaucoup d’autres, cette sensibilité et cette conscience sont bien vivantes, mais juste complètement engourdies, pour ne pas ressentir les désagréments d’un monde irritant.
Alors inutile de plonger ces individus dans l’introversion mystique : ils sont déjà prêts à contribuer activement dans le monde ! Et c’est ça qui donnera du sens à leur vie et les rendra heureux malgré leur grande sensibilité.
Nouveau cycle
En fait, c’est l’air du temps. Nous sommes rendus là.
La souveraineté de la conscience individuelle grandit naturellement. Ce sont ces individus, libres d’esprit, qui s’associent en groupes, autour de projets créatifs, qui engendreront un futur sensé et sensible.
Mais cette conscience émergente est d’une telle force créatrice qu’elle bousculera aussi tous les anciens systèmes, tant de gouvernance, que d’économie, les religions et tous les autres vestiges de contrôle social.
Car la conscience n’est plus uniquement « spirituelle » et intérieure. Elle est tout autant extérieure, relationnelle, sociale, environnementale, planétaire et globale.
On ne peut nier qu’il est temps de penser autrement.
Nous sommes à l’aube d’un monde radicalement différent. L’explosion technologique, l’effondrement écologique, l’emprise industrielle, le durcissement politique sont juste-là devant nous. Inévitables ?
Je crois que l’héritage ésotérique se doit d’être considéré comme une grande part de la solution, puisqu’il redonne puissance, souveraineté, lucidité et créativité à l’individu. Oui, ça bouscule la douillette hypnose sociale et c’est inconfortable.
Mais selon moi, l’heure est à l’intégration du pouvoir caché à même nos vies. Le chemin de la méditation classique et les différentes voies d’éveil de conscience nous ont préparé à une toute nouvelle dynamique existentielle.
Devant le précipice, on peut s’assoir, fermer les yeux et se réfugier dans le confort intérieur en attendant que ça passe… ou ouvrir ses ailes, s’accrocher au cœur et faire le dernier pas… C’est alors que la méthode de maitrise se révèlera directement, comme si elle avait toujours été là.
Les oiseaux ne se demandent pas comment voler. Ils sautent du nid. Le précipice devient invitant non ?
Au plaisir de voler avec vous !
Crédits photos : Joshua earle, Taneli Lahtinen, Eli DeFaria, Isaac Sloman